7.8.11

La mort au bout de la lecture

Retournons dans le sillage de l'oeuvre de Baudoin, prénom Edmond, si vous le voulez bien.
Depuis Amatlan, paru à L'Association en 2009 (dont je parlais ici), il avait fourni quelques livres d'ordre mineur par rapport au reste de sa production. Des livres honnêtes tout de même (Peau d'âne, Gallimard), ou amputés du verbe de Baudoin dans des collaborations non indispensables (Le Marchand d'éponges, avec Fred Vargas, Librio / Le parfum des olives, avec Hugues Baudoin, 6 pieds sous terre), qui séduisaient toujours autant par le dessin unique qu'on lui connaît mais n'accrochaient pas les sentiments autant que bien d'autres de ses livres monstrueux (à plusieurs échelles).

Le voilà de retour dans une autre collaboration, cette fois-ci c'est Bénédicte Heim au texte. Un texte pré-existant à la conception de ce roman illustré, d'avantage que bande dessinée. Baudoin s'immisce dans cette histoire entre Aude, une jeune femme étudiante, et un enfant d'une dizaine d'années à peine. Enfant turbulent, hyper-actif, Corentin terrifie ses parents qui le voient à la fois comme un surdoué et l'incarnation du diable. Après avoir renvoyé la nounou précédente surprise nue en séance de cunnilingus avec l'enfant, les parents recrutent Aude qui ne s'attend pas à ce que sa vie soit bouleversée par cet enfant.

Différents thèmes récurrents des livres de Baudoin sont présents ici, l'amour entre un jeune garçon et une femme mure, les rapports entre artiste et muse, les séances de pose, de dessin, d'admiration. Et toujours, un amour impossible, indicible, au regard des règles de la société, mais inévitable quand l'on écoute la musique des corps.

Un sujet on ne peut plus tabou raconté par Bénédicte Heim avec pudeur et cruauté, et illustré par Baudoin de façon magistrale. Texte et dessin se nourrissent l'un, l'autre, et forment un livre époustouflant, qui retourne l'estomac et restera longtemps dans les veines.


Tu ne mourras pas, Bénédicte Heim et Edmond Baudoin, Les Contrebandiers.

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